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" L'humilité Doit être La Règle D'or à Moto "


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Motard à la gendarmerie mais aussi dans le civil, le capitaine Jean-Luc Bonnin revient sur l’accidentologie des deux-roues, et livre ses conseils de conduite.

 

Avec les Puces motos à Bressuire, de nombreux motards vont circuler aujourd'hui sur les routes des Deux-Sèvres. Des routes qui leur sont, hélas en ce moment, plutôt inhospitalières si l'on en juge par le tribut payé depuis le début de l'année par l'ensemble des deux roues.

 

Si la plupart des motards vont remiser leurs motos à l'entrée de l'hiver, les « roule toujours » vont continuer, eux, à prendre leur machine pour aller au boulot, et le week-end pour rouler le nez au vent, souvent un duo. Pour arrêter l'hécatombe, prudence, anticipation, partage de la route sont autant de notions qu'automobilistes et 2 RM (deux roues motorisés) se doivent d'intégrer. L'analyse et les bons conseils d'un « pro » de la route, le capitaine de gendarmerie Jean-Luc Bonnin, motard dans l'âme (lire ci-dessous), sont donc également bienvenus.

 

Accidents : responsabilité partagée avec les autos

 

Combien de motards sont décédés sur nos routes depuis le début de l'année ?

 

Jean-Luc Bonnin. « L'an dernier, les deux-roues, qui intègrent des sous-catégories très différentes que sont vélos, cyclos, 125 cm3, grosses motos, et quads, étaient la catégorie d'accidentés qui avait la plus fortement baissé. Hélas cette année, nous en sommes à sept décès de conducteurs de deux-roues, dont quatre à moto, deux en cyclo, un à vélo. Il convient de préciser que la responsabilité dans ces accidents est partagée à 50-50 entre deux roues et autres usagers. Ici, comme ailleurs, les deux-roues sont une population plus fragile que les autres sur la route : ils représentent moins de 5 % des véhicules, mais sont impliqués dans un accident sur quatre. »

 

Les motards sont souvent pointés du doigt pour leur vitesse excessive, la capacité de leur machine à accélérer plus fort qu'une voiture. Est-ce la raison première des accidents de moto ?

 

« Non, la vitesse n'est pas un élément identifié comme le facteur principal des accidents constatés depuis le début de l'année. Il s'est agi de défaut de maîtrise, de priorités, de personnes alcoolisées, là aussi avec des responsabilités partagées. »

 

Vous êtes à moto au travail, et le week-end en balade. Les automobilistes se comportent-ils toujours comme il faut à votre égard ?

 

« La notion de partage de la route ne me semble pas poser de problème en Deux-Sèvres, même s'il y a des efforts à faire : chez les automobilistes, qui du fait que la moto peut se faufiler, ne l'attendent pas forcément, et chez les motards que ne sont justement pas toujours conscients qu'un automobiliste peut ne pas les voir, dans son angle mort par exemple. »

 

Quels conseils pouvez-vous donner aux motards pour que leur pratique de la route soit mieux sécurisée, que la moto reste un plaisir ?

 

« La règle d'or à moto, c'est l'humilité. J'ai dans mon équipe des professionnels qui roulent depuis 20 à 30 ans, et qui progressent aujourd'hui encore en pilotage. Quand on sait que la surface au sol d'un pneu est d'une feuille A 4 pour un camion, d'une carte postale pour une voiture, d'une carte bancaire pour une moto, et que les conditions de chaussée compliquent encore les choses, on comprend que la pratique moto ne pardonne pas l'erreur. On peut se faire plaisir à moto sans qu'il y ait forcément la vitesse. Moi j'adore enrouler les montées vers les cols, enchaîner les virages à 55 km/h de moyenne. »

 

Faut-il encore renforcer la formation des motards ?

 

« La formation moto me paraît déjà très poussée. Il me semble en revanche que les motards qui roulent toute l'année par toutes les conditions d'adhérence sont plus expérimentés, que ceux qui ne roulent qu'aux beaux jours et même s'ils font davantage de kilomètres. Un autre point essentiel : une tenue adaptée, avec casque homologué, blouson adapté, chaussures montantes et gants. Même un cyclomotoriste qui va au collège doit au minimum avoir casque et gants. »

 

nr.niort@nrco.fr

 

profil

 

> Le capitaine Jean-Luc Bonnin, 48 ans, dirige l'escadron départemental de sécurité routière (EDSR) : quatre brigades motorisées, un peloton autoroutier, une brigade d'intervention rapide (équipée d'une Mégane surpuissante). « Les membres de ces six unités sont autant concernés de sécurité routière, que passionnés de mécanique et de moto », affirme-t-il.

> Il pratique la moto depuis 27 ans, et depuis 8 ans à la gendarmerie. Il a suivi une formation particulièrement sélective (35 à 45 % de recalés) au Polygone de Fontainebleau, comprenant 190 h de pilotage sur 4 à 5 types de motos, sur route, autoroute, en tout-terrain sur pistes et sur circuit. « La plupart des fondamentaux de pilotage s'apprennent à très basse vitesse, en 1re ou en 2e », précise-t-il. Comme tous les motards de la gendarmerie, il doit faire valider ses compétences tous les cinq ans, par un jury.

> Jean-Luc Bonnin roule sur des motos grand tourisme : une Yamaha FJR 1.300 cm3 pour ses missions de gendarmerie, sur une BMW K 1.200 cm3 (souvent en duo) quand il est en civil. Il parcourt environ 15.000 km par an à moto, dont 7.000 à 8.000 km pour ses déplacements civils. Le kilométrage annuel moyen des motards en France est de 3.000 km.

 

entre nous

 

La suspicion

 

La moto n'est pas perçue comme un moyen de locomotion ordinaire. De façon singulière, aux yeux des non-motards, l'engin fait souvent figure de fantaisie, pour ne pas dire de luxe. Un superflu onéreux assorti d'une grosse prise de risque qu'il convient donc d'assumer en toutes circonstances. Notamment lorsque survient un accident grave, comme ce fut le cas il y a dizaine de jours près de Vouillé, causant la mort d'un pilote de 33 ans. Ce dernier semble ne pas avoir été vu à temps par la conductrice au moment où elle obliquait sur sa gauche pour s'engager sur une voie perpendiculaire. Une fois encore, en dépit du contexte, on n'a pas échappé au commentaire empreint de suspicion : n'allait-il pas un peu trop vite ? Quoi qu'il fasse, le motard, y compris le plus respectueux du Code de la route, reste un imprudent qui s'ignore.

 

Propos recueillis par Philippe Micard

 

http://www.lanouvellerepublique.fr/Deux-Se...-a-moto-1665326

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